La folle maison des comptines
Adèle Pedrola –
Magali Attiogbé
Casterman – 2020
La collection « A la Queue Leu Leu » chez Casterman, dans son format à l’italienne, nous fait parcourir le répertoire des enfantines.
Habituellement, dans cette collection, chaque album se consacre à la mise en images de l’une d’entre elles : Ah les crocodiles, La famille tortue, Pirouette cacahouète…
Mais cette fois, avec La Folle Maison des Comptines, c’est tout un ensemble de comptines qui s’entremêlent pour créer un récit incongru : « Lundi matin, le roi, sa femme et le petit prince » s’invitent chez le narrateur, un monsieur tout de bleu vêtu, « pour lui serrer la pince ».
Au rythme d’une comptine par double page, dans une typographie mouvementée, les chansons donnent le “La”, marquent le tempo de cette visite royale. Les paroles écrites en ligne, en arrondi, de travers, le long de la gouttière, prennent part au fil du récit et tissent la toile de cette histoire loufoque.
Il est certain que dans une maison en carton, avec ses escaliers en papier, on pouvait s’attendre à un sacré début de journée ! Et la semaine ne fait que commencer !
Les péripéties s’enchaînent en pleine page, et mettent en scène des rencontres improbables : un cochon pendu au plafond, l’araignée Gipsy qui terrorise le roi, la souris verte qui se transforme en escargot tout chaud…
Un album décalé, plein d’humour, sur lequel on ne peut s’empêcher de pousser la chansonnette.
Lors de la présentation de l’album en Relais Petite Enfance, avec une éducatrice de jeunes enfants (EJE), quatre assistantes maternelles (AM) et neuf enfants âgés de 9 mois à 3 ans, les AM et l’EJE se prêtent immédiatement au jeu, se mettent à fredonner, puis chantent chaque comptine en entier, alors que dans l’album, le texte se réduit souvent au refrain ou à un couplet.
Et si jusque-là, chaque enfant évoluait à sa manière, dans la piscine à balles, dans la cuisine, au garage ou sur le tapis, lorsque les voix se mettent à chanter, le son diffus s’atténue et laisse place à une attention conjointe vers le livre, médiateur, tisseur de liens.
A leur rythme, les enfants prêtent l’oreille, quelques-uns se rapprochent, viennent observer de près le récit en images, certains participent d’où ils sont et accompagnent les paroles avec des gestes et d’autres encore savourent l’instant royal, allongés dans la piscine à balles.
Une AM nous dit que le « Petit Cochon pendu au plafond » lui servait de jeu de « plouf, plouf » pour désigner le chat lorsqu’elle était enfant.
Carl, 3 ans, demande sur la double page consacrée à « Au feu les pompiers » : “Mais ils sont où, les pompiers ?”. Toutes les pistes sont ouvertes : à la caserne, dans leur camion, sur la route,…
Une histoire très colorée et musicale, qui captive les plus petits et ravive les souvenirs des plus grands..
Stéphane Boulanger, lecteur-formateur