Le coq polyglotte, Marie Darme-Rizzo, Hélium, 2024

Il chante à tue-tête sur toute la planète, souvent très tôt le matin et parfois à toute heure.
Sur une ou deux pleines pages, cartonnées, en petit format carré, aux coins arrondis, tout comme les typographies, ses cris et la forme de sa tête, ce coq polyglotte, pourrait être, par moments, attachant mais si souvent assourdissant, qu’il en devient carrément chiant !
(Voilà c’est dit !)
Surement, son chant est-il sensiblement partout pareil et pourtant on l’entend et le chante différemment selon nos langues…
Avec son coq polyglotte, Marie Darme-Rizzo nous embarque dans un périple autour du monde avec pas moins de 14 ou 15 (désolé, j’suis dyscalculique) contrées survolées à travers tous les continents ! Et donc 14 ou 15 cris de ce coq souvent complètement différents mais parfois aussi très ressemblants.
A chaque chant une page ou deux, un pays et certains de ses attributs culturels aussi, comme par exemple :
Pour la France, la tour Eiffel, notre Dame et la flamme olympique devant le stade de France.
Le chant du coq japonais, quant à lui, résonne parmi les cerisiers en fleurs et les saveurs d’un bol de riz.
Celui de Kabylie trône au milieu de la médina parée de ses plus beaux zelliges, ces “petites pierres polies”.
On voyage ainsi aux sons des cris des coqs du monde entier. Et on tente d’apprendre à chanter aussi bien que ce coq polyglotte.
Pas toujours évident, j’ai bien essayé le coq vietnamien, grâce à la réceptionniste d’un Centre d’Hébergement d’Urgence où j’interviens pour lire avec les familles, mais même avec de l’entrainement je ne maîtrise pas suffisamment les “o” qui font “an” à cause des accents.
Cet album, véritable documentaire touristique, visuel et sonore, encyclopédie linguistique des chants des coqs pour grands et petits, est tout aussi propice pour parler des langues, leur diversité, leurs métissages, que pour échanger sur comment les enfants se les approprient, de comment leur langage se construit, entre là-bas et ici.
Et surtout, il nous rappelle l’importance de parler, de chanter et de lire avec les bébés
dans toutes les langues du monde et surtout dans celles de son cœur.
La carte du monde en dernière double page nous invite à de nombreux partages, jeux et voyages.
Lamine, « entre 6 et 7 sept ans », me dit-il, lors d’un temps d’accueil enfants parents dans un centre social, essaye de retrouver chaque coq croisé au fil des pages sur la carte qui clôture ce livre … Sa maman tente de m’apprendre le chant du coq Bambara, mais comme avec son acolyte vietnamien, j’ai encore besoin d’un peu d’entrainement.
Je remercie pour ces voyages Marie Darme-Rizzo et Hélium et en profite pour leur demander s’ils ne pourraient pas publier en très grand format la carte du monde de la fin du livre, pour poursuivre les partages dans les lieux où l’on rencontre des familles du monde entier. Et pourquoi pas, osons le demander, un autre album, pour poursuivre l’aventure à travers d’autres contrées et d’autres sonorités…
Stéphane Boulanger, lecteur formateur